Par Came Stefada Poulard
Depuis la mobilisation pour la construction du canal sur la Rivière Massacre, il est remarqué que la solidarité entre les haïtiens s’intensifie et accouche de belles idées et de projets favorables à la revitalisation de la production agricole. Tous les secteurs de la vie nationale, hormis le secteur patronal de l’Industrie, se joignent dans une solidarité dans l’intérêt du pays en faisant valoir les droits de la République d’Haïti à utiliser les ressources naturelles du territoire dont la Rivière Massacre. Cette construction réunissant les haïtiens malgré leurs divergences, si elle réussit, servira à arroser des hectares de terres de la Plaine Maribarou située à Ouanaminthe, soit une véritable relance de l’agriculture dans cette commune située dans la zone frontalière du pays.
Au plus bas de l’échelle du travail de l’agriculture se retrouve une catégorie non valorisée qui, pourtant, est le moteur de la culture maraîchère: Les Madan Sara. Ces femmes sont à la fois la source et la dérivée de notre culture maraîchère, pourtant leur travail n’est pas reconnu à leur juste valeur. Elles ont toujours été mises à l’écart dans le concert social, marginalisées par la société, pourtant elles sont de rudes travailleuses qui se donnent à fond et récoltent ce qu’offre la terre mais qui ne parviennent pas encore à récolter les fruits de leur travail dans la société. Bon nombre de ces héroïnes participent à l’achat de semence, la plantation, la récolte et le transport des marchandises qui s’avèrent être un travail de longue haleine et titanesque, réclamant beaucoup de temps dans des situations difficiles et tragiques. Elles se réveillent souvent à 3 heures du matin et viennent souvent des endroits très reculés. La qualité de transport qu’elles offrent à elles-mêmes les soumettent à évoluer dans des conditions infra-humaines.
Pour commencer à parler de la revitalisation de la production agricole, il serait de bon ton de penser d’abord à changer le statut des Madan Sara qui se sont sacrifiées à rendre encore possible la consommation locale. Changer leur statut impliquerait en premier lieu un investissement de manière globale grâce auquel elles pourraient bénéficier indirectement de meilleures infrastructures routières et de meilleurs moyens de transports de manière à leur faciliter la tâche et rendre la vente des produits plus facile. En deuxième lieu, cela impliquerait une redynamisation des banques agricoles qui pourraient les accompagner en leur facilitant l’octroi de prêts pour leurs croissances économiques.
Ce sentiment de solidarité, d’union, retrouvée grâce à la construction du canal de Ouanaminthe devra nous guider à matérialiser un facteur important de l’idéal dessalinien qu’est la justice sociale. Que cette catégorie importante ne soit plus marginalisée et qu’elle soit reconnue à sa juste valeur.
Came Stefada Poulard,
Journaliste écologiste.