Haïti, quand même les chiens sentent la peur

cute mixed breed puppy portrait indoors in natural light

À Port-au-Prince, la peur n’a plus de visage, elle est devenue une odeur. Celle des corps abandonnés, des cadavres en décomposition, laissés en pleine rue, exposés au soleil comme un rappel macabre de l’effondrement total d’un État.

Même les chiens, ces créatures souvent habituées au chaos des villes pauvres, n’osent plus errer librement dans les rues. Ils sentent que quelque chose ne tourne plus rond. Leur instinct, plus affûté que les discours creux des dirigeants, leur dit que cette ville n’est plus vivante.

Elle survit, en apnée.

Autrefois, malgré les difficultés, les chiens déambulaient, les enfants jouaient, les marchands criaient. Il y avait une forme de vie, un pouls.

Aujourd’hui, c’est le silence qui règne, entrecoupé par les rafales d’armes automatiques. Les quartiers entiers sont pris en otage par des gangs qui ne se cachent plus. Ils règnent là où l’État s’est retiré depuis longtemps.

Ce n’est plus une insécurité passagère, c’est une décomposition sociale profonde.

On ne parle plus seulement de vol ou de kidnapping : on parle d’anarchie. L’humain n’a plus de valeur, la vie n’a plus de prix, la mort n’a plus de dignité.

Les chiens ont peur, les enfants ne vont plus à l’école, les familles dorment sous des tentes, déplacées dans leur propre pays.

Et les autorités, quand elles parlent, semblent commenter un pays qui n’existe plus. Il ne suffit plus de promesses, il faut une réponse nationale, régionale, internationale. Parce qu’Haïti meurt, et même les chiens le savent.

Il est temps de regarder la vérité en face : ce n’est pas juste une crise, c’est une alerte rouge pour l’humanité. Combien de cadavres encore dans les rues avant qu’on réagisse ? Combien de silences avant qu’on dise : « Assez » ?

Ameriqueinfo7