De l’assassinat au chaos : l’héritage tragique du 7 juillet 2021

Ameriqueinfo7

Le 7 juillet 2021, les balles ont réduit au silence le président Jovenel Moïse, plongeant Haïti dans un gouffre institutionnel sans fond. Quatre ans plus tard, ce n’est pas seulement un homme qui a été tué cette nuit-là, mais l’espoir même d’un État souverain et fonctionnel.

Aujourd’hui, Haïti ne connaît ni élection, ni gouvernement légitime, ni justice indépendante. En lieu et place d’un système républicain, deux transitions sans mandat populaire se sont succédé, orchestrées par des élites politiques déconnectées, mais surtout dictées par les lois du chaos.

Une transition capturée par les narco-politiques

Le Conseil présidentiel de transition (CPT), composé de neuf membres issus d’arrangements opaques et de calculs partisans, prétend piloter le pays vers une sortie de crise. En réalité, il ne fait que gérer la survie d’un statu quo inacceptable. Plusieurs figures clés du CPT sont directement ou indirectement associées à des réseaux de pouvoir que l’on ne peut plus séparer du narcotrafic ou de la corruption politique.

Les décisions ne sont ni transparentes ni démocratiques, et les priorités ne sont pas celles du peuple haïtien. Pendant ce temps, l’insécurité ronge les quartiers, les écoles ferment, les hôpitaux s’effondrent, et l’économie est en chute libre.

Viv Ansanm : l’alliance perverse entre gangs et politique

Pire encore, une nouvelle structure de terreur s’est imposée sur le territoire : Viv Ansanm, une organisation criminelle déguisée en mouvement social, qui regroupe une mosaïque de gangs lourdement armés, complices de certains secteurs politiques. Cette organisation terroriste dicte sa loi, extorque, viole, tue, et déporte la population civile dans l’impunité la plus totale.

Des dizaines de quartiers de Port-au-Prince sont désormais sous contrôle de ces groupes armés, avec la complicité silencieuse — ou parfois active — de certaines factions au sommet de l’État.

Comment peut-on encore parler de transition, lorsque ceux qui prétendent guider le pays collaborent, directement ou indirectement, avec ceux qui le détruisent ?

Un peuple abandonné

Dans ce contexte d’« anarchie organisée », le peuple haïtien est totalement abandonné. Aucune consultation populaire, aucune feuille de route crédible, aucun calendrier électoral fiable. Rien que des promesses creuses, pendant que l’élite se partage les miettes du pouvoir.

La transition est devenue un emploi. Une rente politique. Une excuse pour ne rien changer.

Que reste-t-il de l’État ?

Il ne reste presque plus rien : pas de police crédible, pas d’armée fonctionnelle, pas d’institutions judiciaires solides. Le tissu social se déchire, et les élites traditionnelles, économiques comme politiques, préfèrent pactiser avec les forces du désordre plutôt que d’assumer un véritable projet de reconstruction nationale. @Ameriqueinfo7