
Édito de Paul H. Mayard, pour Ameriqueinfo7
L’annonce triomphante du gouvernement haïtien affirmant avoir trouvé une entente avec les syndicats enseignants est une mascarade de plus dans le théâtre de l’ineptie politique.
En réalité, cette déclaration n’est qu’une tromperie délibérée destinée à apaiser l’opinion publique tout en méprisant ouvertement les revendications légitimes des enseignants, ces artisans de l’avenir d’Haïti.
Le ministère de l’Éducation nationale dispose des fonds nécessaires pour répondre aux revendications des enseignants. Pourtant, ces fonds sont soit détournés, soit utilisés pour d’autres priorités obscures, révélant une hiérarchisation choquante des préoccupations de l’État. Il semble que ce gouvernement accorde davantage de respect et d’égard aux gangs armés, capables de semer la terreur, qu’à ceux qui forgent les esprits et bâtissent l’espoir d’une société meilleure.
Comment expliquer un tel comportement de la part d’un ministère dirigé par Antoine Augustin, un homme qui, en dehors du pouvoir, dénonçait avec véhémence ces mêmes pratiques ?
La métamorphose de l’homme politique une fois au pouvoir est, hélas, une constante dans notre histoire récente. Augustin, professeur d’université autrefois respecté, adopte aujourd’hui une posture délinquante, minimisant les souffrances des enseignants en grève et jouant avec leur dignité comme s’il s’agissait d’un simple jeu politique.
Pourtant, ces enseignants, soutenus par des syndicats tels que l’Union des Normaliens et Normaliennes, Éducateurs et Éducatrices d’Haïti (UNNOEH), continuent de manifester leur courage et leur détermination face à l’indifférence.
Ils refusent de signer un protocole d’entente qui trahit leurs revendications fondamentales, mettant en lumière l’incapacité du gouvernement à reconnaître l’importance cruciale d’un système éducatif solide.
Cette crise est un rappel cinglant que les autorités actuelles ne croient pas en l’éducation. Dans un pays où les enfants sont privés d’accès à une éducation de qualité et où les enseignants sont humiliés par des promesses creuses, la dégradation de l’enseignement devient une réalité institutionnalisée.
Si un gouvernement choisit de prioriser le dialogue avec des criminels armés plutôt qu’avec des éducateurs, que reste-t-il de la moralité et de la vision politique ?
Nous saluons les enseignants et tous les agents éducatifs qui mènent cette lutte acharnée. Ils ont démontré qu’ils sont conscients de la nécessité de transformer le système éducatif haïtien, malgré les obstacles insurmontables. Leur combat est noble, et il transcende les intérêts corporatifs pour devenir une lutte pour l’avenir même de la nation.
Le peuple haïtien doit se tenir aux côtés de ses enseignants. Car un pays qui méprise ses éducateurs méprise sa jeunesse, et un tel mépris est un acte de sabotage national.
L’éducation est une arme plus puissante que n’importe quel fusil, et c’est en armant nos esprits que nous libérerons Haïti.
Paul H. MAYARD, pour Ameriqueinfo7.