
Bogotá, le 26 janvier 2025 – Amérique Info7
Suite au refus catégorique du président Gustavo Francisco Petro d’autoriser l’atterrissage de deux avions militaires américains transportant des migrants supposés en situation irrégulière sur le sol colombien, le président Donald J. Trump a brandi une série de menaces de sanctions contre la Colombie. Selon la présidence colombienne, ces sanctions, ainsi que le traitement inhumain infligé aux migrants, témoignent de l’arrogance démesurée de l’administration américaine à l’égard de Bogotá et de l’ensemble des peuples frères d’Amérique latine et des Caraïbes. En réponse, le chef de l’État colombien a affirmé sa détermination à riposter aux mesures américaines sur un pied d’égalité.
Pour mieux comprendre la position de la Colombie face à ces menaces jugées « racistes, inhumaines et xénophobes », voici la réponse incisive de Gustavo Francisco Petro :
La déclaration de Gustavo Petro
« Trump, je n’aime pas trop voyager aux USA, c’est un peu ennuyeux, mais j’avoue qu’il y a des choses qui valent la peine. J’aime aller dans les quartiers noirs de Washington, où j’ai vu une bagarre entre Noirs et Latinos derrière des barricades. Cela m’a paru absurde, car ils devraient s’unir.
Je suis un admirateur de Walt Whitman, Paul Simon, Noam Chomsky et Miller. Je me sens proche de Sacco et Vanzetti, assassinés par les fascistes aux États-Unis, comme dans mon propre pays.
Je n’aime pas votre pétrole, Trump, car il est synonyme de destruction pour l’espèce humaine, guidée par la cupidité. Peut-être qu’un jour, autour d’un verre de whisky, nous pourrons discuter franchement, mais ce sera difficile, car vous me considérez comme une race inférieure. Je ne le suis pas. Aucun Colombien ne l’est.
Si vous connaissez quelqu’un de têtu, c’est bien moi. Avec votre force économique et votre arrogance, vous pourriez tenter un coup d’État, comme vous l’avez fait avec Allende. Mais je mourrai selon mes principes. J’ai résisté à la torture et je vous résisterai.
Je ne veux pas d’esclavagistes près de la Colombie. Nous en avons eu trop par le passé, et nous nous en sommes libérés. Ce que je veux, ce sont des amoureux de la liberté. Si vous ne pouvez pas m’accompagner, j’irai ailleurs.
La Colombie est le cœur du monde, mais vous ne l’avez pas compris. C’est le pays des papillons jaunes, de la beauté de Remedios, mais aussi des colonels Aurelianos Buendía, dont je suis l’un, peut-être le dernier.
Vous pourriez me tuer, mais je survivrai dans ma ville, qui est antérieure à la vôtre, en Amérique. Nous sommes le peuple des vents, des montagnes, de la mer des Caraïbes et de la liberté.
Vous méprisez notre liberté, soit. Je ne serre pas la main des esclavagistes blancs, mais je salue celle des héritiers libertaires de Lincoln et des paysans noirs et blancs des États-Unis.
La Colombie cesse désormais de regarder vers le Nord ; elle regarde le monde. Notre sang est celui du califat de Cordoue, de la civilisation romaine méditerranéenne, fondatrice de la république et de la démocratie à Athènes.
La Colombie fut le premier territoire libre d’Amérique, avant Washington, dans toute l’Amérique. Je me réfugie dans ses chants africains. Ma terre est celle des orfèvres qui existaient au temps des pharaons égyptiens et des premiers artistes du monde à Chiribiquete.
Vous ne nous dominerez jamais. Bolívar, le guerrier qui a parcouru nos terres en criant la liberté, s’oppose à vous.
Notre peuple est parfois craintif, timide, naïf et généreux, mais il saura reconquérir le canal de Panama que vous nous avez arraché par la violence. Deux cents héros de toute l’Amérique latine reposent à Bocas del Toro, aujourd’hui au Panama, anciennement en Colombie, que vous avez assassinés.
Je hisse un drapeau et, comme l’a dit Gaitán, même si je reste seul, il continuera de flotter avec la dignité latino-américaine, qui est aussi celle de l’Amérique.
Votre blocus ne m’effraie pas, car la Colombie est le cœur du monde. Je sais que vous aimez la beauté, comme moi ; ne lui manquez pas de respect et elle vous offrira sa douceur.
La Colombie est ouverte au monde entier, à bras ouverts. Nous sommes des bâtisseurs de liberté, de vie et d’humanité.
On m’informe que vous imposez un droit de douane de 50 % sur les fruits de notre travail humain pour entrer aux États-Unis. Je fais de même.
Puisse notre peuple semer du maïs, découvert en Colombie, pour nourrir le monde. »
@Ameriqueinfo7