Michel Soukar : un appel urgent à la responsabilité nationale face au chaos

Port-au-Prince, le 22 novembre 2024 – Michel Soukar, historien et journaliste de renom, s’est une fois de plus imposé comme l’une des voix les plus critiques et audacieuses du paysage intellectuel haïtien. Connu pour son analyse sans concession des réalités politiques et sociales, il a lancé un avertissement poignant à l’élite dirigeante et à la population lors de sa récente prise de parole.

Ce fervent défenseur de la souveraineté nationale a dénoncé avec force l’inaction des dirigeants, tout en appelant les citoyens à se mobiliser pour empêcher l’effondrement total de la nation. Ses propos, aussi tranchants qu’inspirants, reflètent une volonté de réveiller un peuple pris au piège entre des élites déconnectées et une crise systémique.

Une dénonciation sans appel de l’élite dirigeante

« Le pays n’est ni gouverné ni administré », a martelé Michel Soukar, dans une critique acerbe à l’encontre des responsables politiques haïtiens. Selon lui, cette classe dirigeante, qu’il qualifie de « traîtresse », s’est montrée complice de forces extérieures qui contribuent à affaiblir davantage une nation déjà fragilisée par des décennies de mauvaise gouvernance. Pour l’historien, Haïti se trouve au cœur d’un conflit à multiples dimensions, impliquant des ennemis à la fois internes et externes. Une violence omniprésente, la pauvreté galopante et l’instabilité institutionnelle continuent de nourrir un cercle vicieux de désespoir, plongeant le pays dans une crise existentielle.

Le Conseil présidentiel de transition sous le feu des critiques

Soukar a réservé une part importante de son discours à une condamnation virulente du Conseil présidentiel de transition (CPT), une entité qu’il a qualifiée d’« inutile » et déconnectée des réalités du terrain. Créé pour diriger la transition politique et instaurer une stabilité relative, le CPT, selon lui, a failli à sa mission, manquant de vision et d’efficience. « Ce Conseil est une coquille vide, incapable de répondre aux aspirations légitimes du peuple haïtien », a-t-il déclaré. Dans un contexte où chaque jour aggrave la détresse des citoyens, l’inefficacité des institutions ne fait qu’élargir le fossé entre la classe politique et la population.

Réagissant aux violences des 18 et 19 novembre, où des gangs armés ont encore une fois semé le chaos à Port-au-Prince, Michel Soukar a rappelé que la véritable force de la nation réside dans son peuple. « La seule vérité, c’est le peuple. Le peuple est sur la bonne voie », a-t-il affirmé, appelant à la solidarité et à une mobilisation collective. Pour lui, cette prise de conscience populaire est la clé pour contrer l’effondrement des institutions et poser les bases d’un renouveau national.

Si les interventions de Michel Soukar frappent par leur pertinence et leur vigueur, elles suscitent également des interrogations. Certains observateurs reprochent à l’historien de n’offrir que des constats, sans formuler de propositions concrètes pour sortir Haïti de l’impasse. En effet, bien que ses critiques envers les dirigeants soient fondées, la construction d’une alternative nécessite une stratégie claire et des actions coordonnées. L’heure n’est plus seulement à l’indignation, mais à la mise en place d’un leadership fort, capable de redonner espoir et direction à une nation en quête de rédemption.

Dans un contexte où Haïti semble sombrer dans une spirale sans fin de chaos et de désespoir, le message de Michel Soukar résonne comme un appel à la responsabilité collective. Il ne s’agit pas seulement de pointer les défaillances d’une élite ou d’un système, mais d’inviter chaque citoyen à devenir acteur du changement.

L’histoire nous enseigne que les grandes transformations naissent souvent des crises les plus profondes. Si l’élite continue de faillir à sa mission, il appartient désormais au peuple de s’organiser, de se réapproprier son destin et de forger un avenir à la hauteur de ses aspirations. La route sera longue et semée d’embûches, mais comme le souligne Michel Soukar, seul un réveil populaire conscient et déterminé peut sauver Haïti de l’abîme.

Signeau Paul, pour Ameriqueinfo7