
Par Ameriqueinfo7
L’annonce de l’arrivée prochaine de militaires salvadoriens en Haïti pour lutter contre la criminalité pourrait être une lueur d’espoir dans un ciel sombre. Leur expertise dans le combat contre les gangs est incontestable, et leur discipline militaire promet des actions coordonnées et efficaces.
Cependant, dans un pays où les politiciens semblent complices ou conciliants face à l’emprise des gangs, une question cruciale se pose : sous quelles directives opéreront ces forces étrangères ?
Les autorités haïtiennes, qui se disent prêtes à accueillir cette aide, ont-elles réellement la volonté d’éradiquer le fléau des gangs ? Rien n’est moins sûr.
Trop souvent, les gangs ne sont pas perçus comme des ennemis de l’État, mais comme des instruments politiques, utilisés pour intimider les opposants, bourrer les urnes et contraindre les votants lors des élections. Dans un tel contexte, il est légitime de craindre que ces militaires soient entravés dans leur mission. Qui leur dira de ne pas toucher à ces « alliés de l’ombre » qui, sous le regard bienveillant de certains, contrôlent des pans entiers du territoire ?
La lutte contre la criminalité implique aussi de s’attaquer aux racines du problème : la vente d’armes et de munitions. Mais qui, parmi les bénéficiaires de ce commerce lucratif, acceptera de voir son marché s’effondrer ? Le silence et l’inaction qui prévalent aujourd’hui laissent entrevoir des intérêts obscurs, bien au-delà des seuls gangs.
Enfin, les hélicoptères militaires et les équipements sophistiqués seront-ils véritablement utilisés pour sévir contre les criminels ? Rien ne garantit que des ordres clairs soient donnés pour frapper au cœur de ces réseaux mafieux. Cette opération risque de n’être qu’un nouvel écran de fumée, dissimulant la complicité structurelle qui gangrène le pouvoir. Les Salvadoriens pourraient être efficaces, mais sans volonté politique réelle, ils ne seront qu’un outil dans des mains impuissantes.