« Journée internationale de la démocratie: Un appel à la participation citoyenne et à la défense des libertés fondamentales en Haïti »

Mise en contexte :

En cette Journée internationale de la démocratie, Haïti se trouve à un tournant critique de son histoire. La nation, confrontée à des défis politiques, économiques, sociaux et sécuritaires, doit plus que jamais se pencher sur les principes fondamentaux de la démocratie. Face à l’instabilité croissante, la participation citoyenne devient un impératif pour reconstruire un pays où les libertés fondamentales sont garanties et respectées. Il est crucial d’encourager un dialogue national inclusif, de renforcer les institutions démocratiques et de créer un environnement propice à la paix et à la sécurité. Cette journée nous rappelle que la démocratie ne peut prospérer sans un engagement ferme des citoyens, des dirigeants et de la société civile haïtienne. Haïti a besoin de s’unir pour défendre ces valeurs afin de construire un avenir plus juste et équitable pour tous.

Développement : La Démocratie haïtienne en péril– Un système à reconstruire

  1. La Constitution de 1987, une loi mère bafouée

Adoptée après la chute de la dictature, la Constitution haïtienne de 1987 représentait l’espoir d’un nouvel avenir démocratique pour Haïti. Elle visait à établir un État de droit fondé sur le respect des libertés individuelles, des droits de l’homme et une gouvernance transparente. Cependant, depuis son adoption, cette loi mère a été continuellement violée, affaiblie par des modifications arbitraires et des interprétations subjectives par des dirigeants souvent plus préoccupés par la consolidation de leur pouvoir que par la justice et la stabilité de la nation. Ces violations ont creusé les bases mêmes de la démocratie haïtienne, laissant le pays dans un état de fragilité institutionnelle chronique.

  1. L’instabilité politique permanente

Haïti est depuis des décennies plongé dans une instabilité politique quasi-permanente. La succession de gouvernements faibles et incapables de répondre aux besoins de la population a engendré une défiance généralisée envers les institutions publiques. Les élections sont souvent contestées, les transitions de pouvoir se font dans la violence, et les coalitions politiques se dissolvent avant même d’avoir pu apporter des solutions. Cette instabilité crée un vide de pouvoir qui affaiblit davantage le pays, rendant toute gouvernance impossible et plaçant Haïti dans une spirale de crises institutionnelles et démocratiques.

  1. Une crise économique étouffante et une inflation galopante

L’économie haïtienne est en ruine. Depuis plusieurs décennies, la croissance économique stagne tandis que l’inflation atteint des sommets vertigineux, érodant le pouvoir d’achat des citoyens. L’inflation galopante frappe principalement les plus pauvres, qui peinent à subvenir à leurs besoins de base. Les marchés souffrent de la chute de la production agricole, du manque d’investissements et de l’absence de réformes économiques structurelles. La population haïtienne vit au quotidien avec un coût de la vie insoutenable, sans perspective d’amélioration tangible. La pauvreté extrême ne cesse de croître, plongeant le pays dans une précarité sans précédent.

  1. La pauvreté, un fléau enraciné

La pauvreté en Haïti atteint des proportions alarmantes, avec plus de la moitié de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. Le manque d’accès à l’éducation, à la santé et aux infrastructures de base accentue cette misère, rendant difficile tout développement durable. Les opportunités d’emploi se raréfient, et l’émigration devient l’unique échappatoire pour de nombreux jeunes en quête d’un avenir meilleur. Ce cercle vicieux de la pauvreté, exacerbé par une mauvaise gestion des ressources de l’État et une corruption rampante, maintient le pays dans un état de dépendance perpétuelle.

  1. Criminalité, un pays gangstérisé

Haïti est devenu un État où règne la loi du plus fort, avec une criminalité galopante. Le pays est en proie à des gangs armés qui contrôlent de vastes portions du territoire national, imposant leur propre loi et semant la terreur parmi la population. Ces groupes criminels, souvent liés à des intérêts politiques, s’engagent dans des activités illicites allant du trafic de drogue au kidnapping. L’État haïtien, largement corrompu et démuni, ne parvient pas à restaurer l’ordre et la sécurité, laissant la population exposée à une violence endémique qui fait d’Haïti un des pays les plus dangereux de la région.

  1. Le kidnapping et l’enlèvement, un commerce de l’horreur

Parmi les formes de violence les plus dévastatrices, le kidnapping est devenu une véritable industrie en Haïti. Des familles entières vivent dans la peur d’être enlevées pour une rançon, et ce fléau n’épargne personne, des enfants aux personnes âgées, des plus pauvres aux classes moyennes. Ce phénomène a non seulement un impact direct sur la vie quotidienne des Haïtiens, mais il contribue également à l’effondrement économique, dissuadant les investisseurs et paralysant l’activité commerciale. Ce climat de terreur amplifie le sentiment de désespoir dans une société déjà fortement éprouvée.

  1. Des dirigeants corrompus, des fossoyeurs de la patrie

Au cœur de cette débâcle nationale se trouve une classe politique corrompue, qui a largement contribué à la dégradation du pays. Depuis 15 ans, Haïti a été pillé par des dirigeants qui ont détourné des milliards de dollars des caisses publiques pour les placer dans des banques étrangères. Ces « fossoyeurs de la patrie » ont abandonné le peuple à son sort, privant le pays des ressources nécessaires pour son développement. Ils ont érigé la corruption en système, et leur incapacité à réformer l’État a conduit Haïti à devenir une jungle où règnent la loi du plus fort et l’impunité. Haïti est aujourd’hui à genoux, dernier dans la région des Caraïbes, et il est urgent de reconstruire les fondations d’une véritable démocratie.

Conclusion : Un appel à l’action pour la refondation de la démocratie en Haïti

Face à la dégradation continue de la situation politique, économique et sociale en Haïti, il devient impératif que toutes les forces vives de la Nation se mobilisent pour poser des actions concrètes en vue de refonder notre démocratie. Nous ne pouvons plus rester spectateurs de la destruction de notre patrie. Les intellectuels, les acteurs de la société civile, les professionnels, les jeunes et les anciens doivent unir leurs forces pour redonner à ce pays la dignité qu’il mérite.

Nous avons également un besoin urgent de véritables partis politiques qui prônent un idéal haïtien, travaillant activement pour le développement du pays. Ces partis doivent s’investir corps et âme pour le bien commun, en mettant de côté les intérêts personnels ou partisans. De même, le secteur privé des affaires doit jouer un rôle clé en s’investissant dans le développement économique, en créant des emplois et en soutenant des initiatives qui renforcent la croissance nationale.

Il est temps de reconstruire nos institutions sur des bases solides : la justice, la transparence, le respect des droits humains et l’intégrité. Seul un engagement collectif, orienté vers le bien commun, pourra mettre un terme à l’impunité, éradiquer la corruption et ramener la paix dans nos rues.

Tout compte fait, le renouveau démocratique d’Haïti dépend de la participation active de chaque citoyen engagé pour l’avenir de notre pays. Nous devons agir maintenant pour bâtir une société juste, équitable et inclusive, où chaque Haïtien pourra vivre en sécurité et dans la dignité.

Jonas ALCÉ, Journaliste, pour Le RD-PLANSPA (Réseau Diaspora PLANSPA)

New York, le 15 septembre 2024, à l’occasion de la Journée Internationale de la Démocratie.